Nom d’un nombre !

La langue française semble présenter beaucoup d’anomalies dans la dénomination des nombres : pourquoi treize, quatorze, quinze puis dix-sept, dix-huit ? Pourquoi cinquante, soixante, puis soixante-dix, quatre-vingts ? Nous allons essayer d’étudier l’origine de ces dénominations et de voir si ces anomalies (ou d’autres) se produisent également dans d’autres langues ; nous limiterons notre étude aux langues parlées dans une zone assez proche de notre pays.

Jacques Verdier

© APMEP Juin 2018

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La numération en base dix est quasi universelle (nous avons dix doigts). Les dix premiers nombres entiers sont donc distinctement nommés, et nous n’évoquerons pas ici leurs origines. Mais comment désigner les nombres qui suivent ? La plupart du temps, on utilise des systèmes additifs (comme dix-sept qui signifie \(10+7\)) ou multiplicatifs (comme treizeci qui signifie \(3\times10\), en roumain), voire soustractifs (comme duodeviginti qui signifie \(20-2\), en latin). On verra dans cet article1 que très rares sont les noms de nombres (comme \(40\) en russe) qui ne s’obtiennent pas par une de ces trois méthodes.

Les noms des nombres de 11 à 20

Le nombre 11

Étymologiquement, on distingue deux grands types de dénominations : certaines langues disent ce qui correspond à un-dix, d’autres à dix-un (en simple juxtaposition ou avec un connecteur).

Exemples en « \(1+10\) »

En grec : ένδεκα [èndéca]. En latin : undecim. De undecim découlent : undici (italien), onze (français, portugais), once (espagnol), un spree zece (roumain)…

Dans les langues germaniques : einlif (en Althochdeutsch, vieux haut allemand, qui désigne la plus ancienne forme écrite de la langue allemande dans la période de 750 à 1050 environ) ; lif désigne « le reste », « ce qui a été laissé » (lassen, to leave en anglais) au sens de « mis en réserve auparavant », c’est-à-dire \(10\). Einlif a donné elf (allemand, néerlandais), eleven (anglais).

Langues slaves : одиннадцать en russe (littéralement un-au-dessus-de-dix).

Langues celtiques : unnek (breton), contraction de unan-dek, etc.

Exemples en « \(10+1\) »

Dans les langues européennes on le trouve en turc : on bir, en basque, en grec (mais de \(13\) à \(19\) seulement : par exemple δεκατρία, littéralement dix-trois, \(11\) et \(12\) faisant exception), en français (de \(17\) à \(19\) seulement), dans les langues romanes… et dans les instructions officielles françaises de 1945 (cf. plus bas).

De 11 à 20

Le roumain, le turc et les langues slaves figurent parmi les langues européennes où il n’y a pas d’anomalie.

En roumain : \(10\) se dit zece, \(11\) : unsprezece (littéralement un-vers-dix), \(12\) : douăsprezece (deux-vers-dix), \(13\) : treisprezece… et ainsi de suite jusqu’à \(19\) : nouăsprezece.

En russe : \(10\) se dit десять, \(11\) : одиннадцать (littéralement un-au-dessus-de-dix, où цать [prononcer tsat’] est une contraction de десять [prononcer deciat’]), \(12\) : двенадцать et ainsi de suite jusqu’à \(19\) : девятнадцать. Même chose en polonais : jedenaście, dwanaście, … et dans les autres langues slaves.

En turc : \(11\) se dit on bir (littéralement dix un), \(12\) on iki, … jusqu’à \(19\) : on dokuz.

Langues romanes : dans la plupart des langues romanes (issues du latin), sauf le roumain, on trouve une forme « anormale » pour les nombres de \(11\) à \(15\) ou \(16\) : onze, douze, … suivis de la forme normale dix-sept, dix-huit, … en français ; onze, doze, treze, … en portugais, suivis de dezasseis, dezasseite, … On a vu plus haut l’étymologie de ces formes.

En allemand : seuls elf et zwölf font exception, et on passe ensuite à dreizehn, vierzehn

En anglais : comme en allemand, seuls eleven et twelve font exception, on passe ensuite à thirteen, … (les teenagers sont âgés de \(13\) à \(19\) ans inclus). Mais alors qu’en allemand le suffixe -zehn correspond exactement au mot utilisé pour \(10\), ici le suffixe -teen est une déformation de ten.

En arabe : \(11\), \(12\), \(13\) etc. se disent littéralement un-dix, deux-dix, trois-dix etc. (à ne pas confondre avec ce qui se fait dans d’autres langues où deux-dix, trois-dix, … représentent les dizaines vingt, trente, …).

En grec moderne : on a d’abord ένδεκα (\(11\)), δώδεκα (\(12\)) et ensuite δεκατρία (\(13\)), δεκατέσσερα (\(14\)), … ; mais ici c’est la place de δεκα (\(10\)) qui change : on passe d’un système « unité-dix » à un système « dix-unité ».

En latin : une construction « remarquable » en latin, mais qui ne s’est pas transmise dans les langues dérivées : dix-huit et dix-neuf se disent respectivement : duodevigenti et undevigenti (littéralement, \(2\) ôté de \(20\) et \(1\) ôté de \(20\)) ; on retrouve cette construction pour toutes les autres dizaines : \(28\) et \(29\) se disent duodetrigenti et undetrigenti, etc. La proximité du nombre de dizaines amenait peut-être, pour le calcul mental, à soustraire un petit nombre (\(30-2\)) plutôt qu’à en ajouter un grand (\(20+8\)) ?

En basque : les nombres de \(1\) à \(19\) se construisent sous la forme dizaine + unité : par exemple hamabi pour \(12\) (de hamar, \(10\), et bi, \(2\)). Avec deux exceptions : \(11\) qui se dit hamaika (alors que \(1\) est bat), et \(19\) qui se dit hemeretzi (alors que \(9\) est bederatzi).

Le breton utilise des formes en un-dix, deux-dix, etc. pour \(11\), \(12\) etc. Avec une exception notable : \(18\), qui se dit trois-six (ou localement deux-neuf).

Le gallois possède une particularité étonnante : entre \(15\) et \(19\), c’est \(15\) qui sert de « base » : littéralement un et quinze, deux et quinze, trois et quinze, quatre et quinze ; mais \(18\) peut également se dire deunaw (littéralement \(2\times9\), comme en breton).

Les noms des dizaines (20, 30, … 90)

Dans la grande majorité des langues, les noms des dizaines (à partir de \(20\)) sont formés sur les noms des unités : parfois une traduction littérale de deux-dix, trois-dix, … (doi\({}\times{}\)zece donne douăzeci en roumain ; dwa\({}\times{}\)dziesięć donne dwadzieścia en polonais), le plus souvent une dérivation du nom de l’unité : trois donne trente, quatre donne quarante ; zwei donne zwanzigπέντε donne πένηvtα, έξι donne έξηvtα ; nove donne noventa…, avec parfois quelques déformations mineures de la racine ou des mutations par euphonie.

Quelquefois, le nom donné à \(20\) n’a rien à voir ni avec \(2\) ni avec \(10\) : c’est le cas en grec, par exemple (είκοσι n’a rien à voir ni avec  δύο ni avec δέκα).

Mais on rencontre aussi des exceptions remarquables : comment, par exemple en russe, peut-on expliquer сорок [prononcer sôrak] pour \(40\) alors que \(4\) se dit четыре [tchétîrié] et \(10\) десять [dissiat] ?

Entrons un peu plus dans les détails.

Le système « vicésimal »

Au Moyen Âge, on avait coutume en France de compter de vingt en vingt (du latin viginti). Aussi trouvait-on les formes vint et dis (\(30\)), deux vins (\(40\)), trois vins (\(60\)), quatre vins (\(80\)), etc. Saint-Louis fonda vers 1260 l’hospice des Quinze-vingts (\(300\) lits). Ce système était utilisé par les Celtes, les Normands ; il est possible que l’un ou l’autre de ces peuples l’ait introduit en Gaule.

Dès la fin du Moyen Âge, les formes trente, quarante, cinquante, soixante se répandent. Mais on a gardé soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix. Pourquoi le nouvel usage s’est-il arrêté en si bon chemin ? On ne le sait pas. Peut-être a-t-on éprouvé le besoin de conserver la marque d’un « calcul mental » mieux adapté aux grands nombres (\(70=60+10\), \(80=4\times20\), \(90=80+10\)) ?

Les dizaines basques, quant à elles, sont entièrement construites à partir du système vicésimal : \(20\) se dit hogei, \(40\) berrogei (le préfixe berr- signifiant « bis »), \(60\) hiruhogei (trois-vingt), et \(80\) laurogei. Et \(30\) se dit hogeita hamar (littéralement vingt-dix), \(50\) berrogeita hamar (deux-vingt-dix), \(70\) hirurogeita hamar (trois-vingt-dix) et \(90\) laurogeita hamar (quatre-vingt-dix, comme en français).

Le breton garde lui aussi des traces de ce système vicésimal : \(40\) se dit daou-ugent (deux-vingt), \(60\) tri-ugent (trois-vingt) et \(80\) pevar-ugent (quatre-vingt, comme en français). D’où \(70\) : dek ha tri-ugent et \(90\) : dek ha pevar-ugent (littéralement dix-et-trois-vingt et dix-et-quatre-vingt). On notera une exception pour \(50\), qui se dit hanter-kant (littéralement demi-cent), de même que \(150\) se dira kant-hanter (littéralement cent-demi, sous entendu cent et un demi de cent). C’est la seule langue parlée en France où de telles anomalies se présentent. Il en est de même pour le gallois.

Le danois utilise aussi ce système vicésimal. Mais avec de curieuses abréviations, par exemple : \(3\) se dit tre, \(20\) se dit tyve, \(60=3\times20\) devrait se dire tresindstyve, mais est abrégé en tres ! Cependant l’ordinal \(60\)e, lui, n’est pas abrégé : tresindstyvende. De même \(50\) se dit halvtreds, ce qui littéralement veut dire « la moitié de \(60\) »… mais comprenez « la moitié de la troisième vingtaine » (\(3\times20 – \frac{1}{2}\times20\))… avec cependant une exception sur les billets de banque : les billets de \(50\) couronnes sont libellés « femti kroner » (\(5\times10\)) !

Septante, octante ou huitante, nonante
Huitante

Cette évolution de la forme latine octoginta est la plus ancienne. On la trouve sous la forme « oitante » au XIIe siècle. Elle figure dans la première et dans la dernière édition du Dictionnaire de l’Académie française. Aujourd’hui huitante est toujours utilisé dans les cantons suisses de Vaud, du Valais, de Fribourg ainsi que dans le val d’Aoste. Les cantons de Genève, de Neuchâtel, du Jura ainsi que le Jura bernois, utilisent quatre-vingts. C’est pourquoi ce terme est généralement noté par les dictionnaires comme un helvétisme quoique son aire d’utilisation ait été bien plus étendue dans le passé puisqu’il était en usage notamment en Savoie.

Au Musée du Désert (Mialet, Cévennes, haut lieu du protestantisme), on trouve la transcription d’une « Abjuration de l’hérésie de Calvin… » qui commence comme suit, en respectant l’orthographe : « En l’an mil six cens huictante cinq » ; mais rien ne permet de dire si ce sont les protestants cévenols qui l’ont emprunté aux genevois ou le contraire.

Octante

Le terme octante est une réfection du terme précédent d’après le latin octoginta. Au contraire de huitante, il figure dans toutes les éditions du Dictionnaire de l’Académie française. Il était autrefois utilisé dans le langage administratif des Postes suisses, mais ce n’est plus le cas.

Septante, nonante

Septante est utilisé de façon majoritaire en Suisse, en Belgique, au Val d’Aoste, en Français de Jersey, mais également de façon minoritaire en Savoie, en Lorraine, en Franche-Comté et en Provence. Nonante est utilisé couramment en Suisse, en Belgique et au Val d’Aoste, plus sporadiquement en Savoie et au Luxembourg parmi les autochtones francophones, même s’il n’est plus usité habituellement en France.

En Suisse, soixante-dix et quatre-vingt-dix se rencontrent assez souvent dans la littérature, et parfois dans les médias ; ils sont toutefois très rares dans l’usage oral, scolaire et administratif.

Septante, octante et nonante sont encore officiels en Belgique et en Suisse. Cependant octante a été supplanté par quatre- vingts (en Belgique et en Suisse). Huitante reste encore en Suisse, tant dans l’usage courant que dans l’enseignement ou les textes administratifs. Rien n’interdit d’employer ces trois mots mais, par rapport à l’usage courant en France, ils sont perçus comme régionaux ou vieillis.

Septante, octante et nonante étaient conseillés en France par les instructions officielles de 1945 pour faciliter l’apprentissage du calcul. En voici un extrait2 :

Les noms des nombres présentent, comme l’on sait, des anomalies ; il peut être avantageux d’employer d’abord les noms qui seraient logiques : dix-un, au lieu de onze ; dix-deux au lieu de douze ; … ; dix-six, au lieu de seize.
De même utiliser septante, octante et nonante au lieu de soixante-dix, quatre-vingts et quatre-vingt-dix.
Des leçons complémentaires de vocabulaire feront ensuite correspondre à ces noms théoriques les noms de notre français courant.

J’ai moi-même utilisé, quand j’étais en C.P. et C.E.1 à Lyon, les vocables septante, huitante et nonante, et eux seuls. C’est en arrivant en C.E.2 à Nancy que j’ai dû apprendre à dire soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix… Mais par contre mes instituteurs lyonnais n’ont jamais, à ma souvenance, utilisé dix-un, dix-deux

Dans les autres langues

En roumain : les noms des dizaines ne présentent aucune irrégularité : zece, douăzeci, treizeci, …, littéralement dix, deuxdix, troisdix

Langues romanes : les langues romanes sont assez semblables à la langue française jusqu’à \(60\) mais elles utilisent pour \(70\), \(80\) et \(90\) des dénominations plus logiques, proches de septante, huitante et nonante : par exemple setenta, oitenta, noventa en portugais ou encore settanta, ottanta, novanta en italien.

Anglais, allemand : l’anglais et l’allemand utilisent twenty, thirty…, zwanzig, dreißig… qui sont étymologiquement des transformations de deuxdix, troisdix…, les sufixes –ty et –zig provenant de ten et zehn.

En turc : certains nombres de dizaines dérivent clairement des noms d’unités : par exemple altmiş (\(60\)), yetmiş (\(70\)), seksen (\(80\)) et doksan (\(90\)) de alti (\(6\)), yedi (\(7\)), sekiz (\(8\)) et dokuz (\(9\)) ; mais le lien entre elli (\(50\)) et beş (\(5\)) ou entre yirmi (\(20\)) et iki (\(2\)) n’est pas évident du tout… En outre, les désinences finales des noms de dizaines ne montrent, contrairement à la plupart des autres langues, aucune régularité.

En arabe : on notera que \(10\) se dit `achra et \(20\) se dit `achrīn, qui est le duel du précédent. La langue arabe présente en effet trois genres de nombres : le singulier, le duel, le pluriel. Dans une phrase comme « Aïcha a les yeux bleus », le mot œil ne se met pas au pluriel, mais au duel. La marque du duel est le suffixe –īn.

Énigmes russes : En russe, \(50\), \(60\), \(70\), \(80\) se disent пятьдесят, шестьдесят, семьдесят, восемьдесят (littéralement cinq-dix, six-dix…), contractés en двадцать, тридцать pour \(20\) et \(30\). Mais il y a deux anomalies. D’abord \(90\), девяносто, qui aurait dû logiquement être девятьдесят (neuf-dix). Et ensuite \(40\) : сорок [prononcer sôrak]. Précisons que cette dernière anomalie n’apparaît que dans les trois langues slaves orientales (russe, biélorusse et ukrainien), les autres langues slaves utilisant un mot « cohérent » pour \(40\) : par exemple четрдесеть en serbe, qui signifie quatre-dix.

\(40\)Sôrak signifiait en vieux russe ( siècle) un sac ; plus tard et plus spécifiquement, le sac dans lequel les chasseurs plaçaient les peaux des animaux dépecés. Comme il fallait une quarantaine de peaux de zibeline pour faire un manteau, sôrak est devenu l’unité d’échange des peaux (par lots de \(40\)). Et cela a fini par désigner le nombre \(40\) lui-même. Jolie histoire !3

\(90\) : девяносто reste une énigme étymologique. La syllabe –но– intercalée entre девя (\(9\)) et сто (\(100\)) ne correspond pas à une préposition ; en outre on ne voit pas quelle opération mathématique simple permettrait de construire \(90\) à partir de \(9\) et \(100\). Si on avait voulu dire dix-sous-cent (à l’instar des nombres de \(11\) à \(19\) qui se disent dix-sur-un etc.), cela aurait donné десятьподста (ou десяподста par contraction).

Plusieurs hypothèses, aussi peu satisfaisantes les unes que les autres, circulent. Le mot pourrait provenir de десятное сто (le neuvième cent), qui se serait contracté en десяностоMais on ne voit pas bien pourquoi le neuvième cent aurait correspondu à \(90\) et non à \(900\) !

Autre hypothèse : ce nom pourrait provenir de десять-до-ста (littéralement \(10\) jusqu’à \(100\), ce qui serait une construction tout à fait logique). Et deux consonnes auraient été modifiées : le с (en français, le son s) en в (v) et le д (d) en н (n)… Cela paraît assez peu plausible !

Les nombres composés (exemples : 21, 22. . .)

Le français, comme beaucoup d’autres langues, utilise un système \(\text{dizaine}+\text{unité}\) : vingt-et-un, vingt-deux, vingt-trois… On notera une particularité : seule l’unité un régit le connecteur –et-.

Le grec accole directement la dizaine et l’unité : εικοσιένα, εικοσιδύο, comme l’italien : ventuno, ventidue

L’anglais intercale un trait d’union : twenty-one, twenty-two… ; pas le russe : ni le turc : yirmi bir, yirmi iki

Le portugais, le roumain… intercalent toujours le connecteur « et » : vinte e um, vinte e dois… ; douăzeci şi un, douăzeci şi doi

D’autres langues, comme l’allemand et l’arabe, utilisent un système \(\text{unité}+\text{dizaine}\) : einundzwanzig, zweiundzwanzig… ; wāhid wa `achrīn, tnān wa `achrīn… (littéralement un et vingt, deux et vingt…, concaténés en allemand).

Pour l’écriture des nombres composés, on ne remarque pas d’anomalies comme celles que l’on a rencontrées dans la construction des nombres simples.

Anecdotiquement, on remarquera que \(81\) se dit quatre-vingt-un dans le nord de la France, et plutôt quatre-vingt-et-un dans le sud (en marquant la liaison après vingt), et que \(75\) s’y dit soixante-et-quinze.

Existe-t-il un système « cohérent » ?

Parmi tous les systèmes qui ont été présentés ici, seul le roumain ne présente pas d’anomalie.

Les noms des dizaines sont, en traduction littérale : dix, \(20=\)deuxdix, \(30=\)troisdix, … \(90=\)neufdix. Et tous les noms composés sont de la forme \(11=\)dix et un, \(12=\)dix et deux, …, \(21=\)deuxdix et un, \(22=\)deuxdix et deux, … \(99=\)neufdix et neuf.

Bien évidemment, un tel système ne pourrait pas être « imposé » chez nous : il est de nature contraire à notre langue. On remarquera cependant que les instructions officielles de 1945 avaient préconisé d’utiliser dix-un, dix-deux … pour \(11\), \(12\), …

On pourrait aussi « inventer » un système plus proche de notre langue où les dizaines seraient construites avec un suffixe sur le nom des unités : unante, deuxante (ou deuzante), troisante, quatrante, cinquante (tiens ! il existe), sixante, septante, huitante (les deux existent aussi), neufante (ou neuvante). Et compter ainsi : unante-un, unante-deux, etc. jusqu’à neuvante-neuf.

On peut toujours rêver ? L’esperanto l’a fait !

Les noms des nombres de \(1\) à \(10\) s’y inspirent de langues européennes : unu, du, tri, kvardek. Mais la construction des nombres qui suivent est totalement cohérente, et ne souffre aucune exception. Les dizaines sont dudek, tridek, kvardek… pour \(20\), \(30\), \(40\)… (système multiplicatif, par concaténation). Et les nombres composés sont dek unu, dek du, dek tri… pour \(11\), \(12\), \(13\)… (système additif, par juxtaposition des deux mots). Les noms de nombres sont invariables, sauf miliono et miliardo qui sont des substantifs. Kvarcent kvindek sesmil sepcent okdek naŭ (sans traits d’union) vaut donc \(456\,789\).

L’orthographe « révisée » de 1990

Une « révision » de l’orthographe française (Rapport du Conseil supérieur de la langue française) a été publiée dans les documents administratifs du Journal officiel du 6 décembre 1990. Cette révision nous concerne ici sur un point : l’utilisation des traits d’union dans l’écriture des nombres.

Tous les numéraux composés doivent être unis par des traits d’union, par exemple : trente-deux-mille-cinq-cent-soixante-et-onze (\(32\,571\)). Seuls les noms tels que million ou milliard ne sont ni précédés ni suivis d’un trait d’union : trente-deux millions cinq-cent-soixante-et-onze-mille (\(32\,571\,000)\).

On distingue ainsi « quarante-et-un tiers » (\(\frac{41}{3}\)) de « quarante et un tiers (\(40+\frac{1}{3}\)), et aussi « mille-cent-vingt septièmes » (\(\frac{1\,120}{7}\)) de « mille-cent vingt-septièmes » (\(\frac{1\,100}{27}\)), de « mille cent-vingt-septièmes » (\(\frac{1\,000}{127}\)), ou encore de « mille-cent-vingt-septième  »(\(1\,127\)e).

Dans notre enseignement, il a fallu attendre \(18\) ans pour que ces nouvelles normes aient « force de loi » (il aura fallu \(10\) ans de moins en Belgique !) : le B.O.E.N. hors série 3 du 19 juin 2008[1] précise que « l’orthographe révisée est la référence » ; le B.O.E.N. spécial 6 du 28 août 2008[2] précise que « pour l’enseignement de la langue française, le professeur tient compte des rectifications orthographiques proposées par le Rapport du Conseil supérieur de la langue française, approuvées par l’Académie française ».

Ce rapport est téléchargeable sur le site de l’Académie Française [9] ; historique : [8] ; un résumé téléchargeable : [10] ; un site intéressant à consulter sur l’écriture des nombres en français : [6].

Sources

Essentiellement : apports des collègues, amis et connaissances, ainsi que Wikipedia.

Et également les sites suivants : [12], [11] et (pour le basque) [3].

Figure 1. La tour de Babel (1563) de Pieter Brügel, peintre flamand.

Annexe : les noms de nombres dans diverses langues

Code des couleurs :
En violet, dans la deuxième colonne (nombres de 11 à 19), les premiers nombres qui n’ont pas leur forme « normale ».
En bleu pâle, dans la troisième colonne (nombres de 21 à 29), ceux qui sont de la forme « dizaine-unité ».
En vert pâle, dans la troisième colonne (nombres de 21 à 29), ceux qui sont de la forme « unité-dizaine ».
En rose, les nombres de la forme « x ôté de y ».
En brun, les noms issus du système vicésimal (à base 20).
En rouge, d’autres formes anormales.

Grec (moderne)

0

μηδέν

 

10

δέκα

 

20

είκοσι

 

1

ένα

 

11

ένδεκα

 

21

εικοσιένα

 

10

δέκα

2

δύο

 

12

δώδεκα

 

22

εικοσιδύο

 

20

είκοσι

3

τρία

 

13

δεκατρία

 

23

εικοσιτρία

 

30

τριάντα

4

τέσσερα

 

14

δεκατέσσερα

 

24

εικοσιτέσσερα

 

40

σαράντα

5

πέντε

 

15

δεκαπέντε

 

25

εικοσιπέντε

 

50

πενήντα

6

έξι

 

16

δέκα έξι

 

26

εικοσιέξι

 

60

εξήντα

7

επτά

 

17

δεκαεπτά

 

27

εικοσιεπτά

 

70

εβδομήντα

8

οκτώ

 

18

δεκαοκτώ

 

28

εικοσιοκτώ

 

80

ογδόντα

9

εννέα

 

19

δεκαεννέα

 

29

εικοσιεννέα

 

90

ενενήντα

On retrouvera dans ce tableau la plupart des éléments de mots qui servent à nommer les divers polygones et polyèdres : τέσσερα qui correspond à tétra-, πέντε à penta-, έξι à hexa-, επτά à hepta-, οκτώ, εννέα, etc. et l’είκοσι [ikosi] de l’icosaèdre à \(20\) faces. Cependant la prononciation moderne est différente de celle du grec ancien ; par exemple πέντε se prononce pèndé et non penté, επτά se prononce efta et non epta…

Latin

0

Pas inventé !

 

10

decem

 

20

viginti

 

1

unus4

 

11

undecim

 

21

viginti unus

 

10

decem

2

duo

 

12

duodecim

 

22

viginti duo

 

20

viginti

3

tres

 

13

tredecim

 

23

viginti tres

 

30

triginta

4

quattuor

 

14

quattuordecim

 

24

viginti quattuor

 

40

quadraginta

5

quinque

 

15

quindecim

 

25

viginti quinque

 

50

quinquaginta

6

sex

 

16

sexdecim

 

26

viginti sex

 

60

sexaginta

7

septem

 

17

septemdecim

 

27

viginti septem

 

70

septuaginta

8

octo

 

18

duodeviginti

 

28

duodetrigneta

 

80

octaginta

9

novem

 

19

undevigenti

 

29

undetrigenta

 

90

nonaginta

Source : [4]

Français de France

0

zéro

 

10

dix

 

20

vingt

 

1

un

 

11

onze

 

21

vingt-et-un

 

10

dix

2

deux

 

12

douze

 

22

vingt-deux

 

20

vingt

3

trois

 

13

treize

 

23

vingt-trois

 

30

trente

4

quatre

 

14

quatorze

 

24

vingt-quatre

 

40

quarante

5

cinq

 

15

quinze

 

25

vingt-cinq

 

50

cinquante

6

six

 

16

seize

 

26

vingt-six

 

60

soixante

7

sept

 

17

dix-sept

 

27

vingt-sept

 

70

soixante-dix

8

huit

 

18

dix-huit

 

28

vingt-huit

 

80

quatre-vingts

9

neuf

 

19

dix-neuf

 

29

vingt-neuf

 

90

quatre-vingt-dix

En français de Belgique, \(70\), \(80\) et \(90\) sont septante, quatre-vingts (qui reste donc la seule anomalie) et nonante.

Italien

0

zero

 

10

dieci

 

20

venti

 

1

uno

 

11

undici

 

21

ventuno

 

10

dieci

2

due

 

12

dodici

 

22

ventidue

 

20

venti

3

tre

 

13

tredici

 

23

ventitre

 

30

trenta

4

quattro

 

14

quatordici

 

24

ventiquattro

 

40

quaranta

5

cinque

 

15

quindici

 

25

venticinque

 

50

cinquanta

6

sei

 

16

sedici

 

26

ventisei

 

60

sessanta

7

sette

 

17

diciasette

 

27

ventisette

 

70

settanta

8

otto

 

18

diciotto

 

28

ventotto

 

80

ottanta

9

nove

 

19

dicianove

 

29

ventinove

 

90

novanta

Romanche grison

0

nulla

 

10

diesch

 

20

ventg

 

1

in

 

11

indesch

 

21

ventgin

 

10

diesch

2

dus

 

12

dudesch

 

22

ventgadus

 

20

ventg

3

trais

 

13

tredesch

 

23

ventgatrais

 

30

trenta

4

quatter

 

14

quattordesch

 

24

ventgaquatter

 

40

quaranta

5

tschintg

 

15

quindesch

 

25

ventgatschintg

 

50

tschuncanta

6

sis

 

16

sedesch

 

26

ventgasis

 

60

sessanta

7

set

 

17

deschset

 

27

ventgaset

 

70

settanta

8

otg

 

18

deschdotg

 

28

ventgotg

 

80

otganta

9

nov

 

19

deschnov

 

29

ventiganov

 

90

novanta

Portugais

0

zero

 

10

dez

 

20

vinte

 

1

um

 

11

onze

 

21

vinte e um

 

10

dez

2

dois

 

12

doze

 

22

vinte e dois

 

20

vinte

3

três

 

13

treze

 

23

vinte e três

 

30

trinta

4

quatro

 

14

catorze

 

24

vinte e quatro

 

40

quarenta

5

cinco

 

15

quinze

 

25

vinte e cinco

 

50

cinquenta

6

seis

 

16

dezasseis

 

26

vinte e seis

 

60

sessenta

7

sete

 

17

dezassete

 

27

vinte e sete

 

70

setenta

8

oito

 

18

dezoito

 

28

vinte e oito

 

80

oitenta

9

nove

 

19

dezanove

 

29

vinte e nove

 

90

noventa

Roumain

0

nulă

 

10

zece

 

20

douăzeci

 

1

un

 

11

unsprezece

 

21

douăzeci şi un

 

10

zece

2

doi

 

12

douăsprezece

 

22

douăzeci şi doi

 

20

douăzeci

3

trei

 

13

treisprezece

 

23

douăzeci şi trei

 

30

treizeci

4

patru

 

14

paisprezece

 

24

douăzeci şi patru

 

40

patruzeci

5

cinci

 

15

cincisprezece

 

25

douăzeci şi cinci

 

50

cincizeci

6

şase

 

16

şaisprezece

 

26

douăzeci şi şase

 

60

şaizeci

7

şapt

 

17

şaptesprezece

 

27

douăzeci şi şapt

 

70

şaptezeci

8

opt

 

18

optsprezece

 

28

douăzeci şi opt

 

80

optzeci

9

nouă

 

19

nouăsprezece

 

29

douăzeci şi nouă

 

90

nouăzeci

Le ş se prononce ch. Le c se prononce tch. Le s se prononce ss (jamais z). Le u se prononce ou.

Préposition intercalaire pour les nombres de \(11\) à \(19\) : spre\({}={}\)vers (unsprezece\({}={}\)un vers dix). Dans les nombres composés, şi\({}={}\)et.

Estonien

0

zero

 

10

kümme

 

20

kakskümmend

 

1

üks

 

11

ükteist

 

21

kakskümmend üks

 

10

kümme

2

kaks

 

12

kaksteist

 

22

kakskümmend kaks

 

20

kakskümmend

3

kolm

 

13

kolmteist

 

23

kakskümmend kolm

 

30

kolmkümmend

4

neli

 

14

neliteist

 

24

kakskümmend neli

 

40

nelikümmend

5

viis

 

15

viisteist

 

25

kakskümmend viis

 

50

viiskümmend

6

kuuene

 

16

kuueneteist

 

26

kakskümmend kuuene

 

60

kuuenekümmend

7

seitse

 

17

seitseteist

 

27

kakskümmend seitse

 

70

seitsekümmend

8

kaheksa

 

18

kaheksateist

 

28

kakskümmend kaheksa

 

80

kaheksakümmend

9

üheksa

 

19

üheksateist

 

29

kakskümmend üheksa

 

90

üheksakümmend

Russe

0

нуль

 

10

десять

 

20

двадцать

 

1

один

 

11

одиннадцать

 

21

двадцать один

 

10

десять

2

два

 

12

двенадцать

 

22

двадцать два

 

20

двадцать

3

три

 

13

тринадцать

 

23

двадцать три

 

30

тридцать

4

четыре

 

14

четырнадцать

 

24

двадцать четыре

 

40

сорок

5

пять

 

15

пятнадцать

 

25

двадцать пять

 

50

пятьдесят

6

шесть

 

16

шестнадцать

 

26

двадцать шесть

 

60

шестьдесят

7

семь

 

17

семнадцать

 

27

двадцать семь

 

70

семьдесят

8

восемь

 

18

восемнадцать

 

28

двадцать восемь

 

80

восемьдесят

9

девять

 

19

девятнадцать

 

29

двадцать девять

 

90

девяносто

Préposition intercalaire dans les nombres de \(11\) à \(19\) : над, qui signifie sur, au-dessus de.

Polonais

0

zero

 

10

dziesięć

 

20

dwadzieścia

 

1

jeden

 

11

jedenaście

 

21

dwadzieścia jeden

 

10

dziesięć

2

dwa

 

12

dwanaście

 

22

dwadzieścia dwa

 

20

dwadzieścia

3

trzy

 

13

trzynaście

 

23

dwadzieścia trzy

 

30

trzydzieści

4

cztery

 

14

czternaście

 

24

dwadzieścia cztery

 

40

czterdzieści

5

pięć

 

15

piętnaście

 

25

dwadzieścia pięć

 

50

pięćdziesiąt

6

sześć

 

16

szesnaście

 

26

dwadzieścia sześć

 

60

sześćdziesiąt

7

siedem

 

17

siedemnaście

 

27

dwadzieścia siedem

 

70

siedemdziesiąt

8

osiem

 

18

osiemnaście

 

28

dwadzieścia osiem

 

80

osiemdziesiąt

9

dziewięć

 

19

dziewięćnaście

 

29

dwadzieścia dziewięć

 

90

dziewięćdziesiąt

Allemand

0

null

 

10

zehn

 

20

zwanzig

 

1

eins

 

11

elf

 

21

einundzwanzig

 

10

zehn

2

zwei

 

12

zwölf

 

22

zweiundzwanzig

 

20

zwanzig

3

drei

 

13

dreizehn

 

23

dreiundzwanzig

 

30

dreißig5

4

vier

 

14

vierzehn

 

24

vierundzwanzig

 

40

vierzig

5

fünf

 

15

fünfzehn

 

25

fünfundzwanzig

 

50

fünfzig

6

sechs

 

16

sechzehn

 

26

sechsundzwanzig

 

60

sechzig

7

sieben

 

17

siebzehn

 

27

siebenundzwanzig

 

70

siebzig

8

acht

 

18

achtzehn

 

28

achtundzwanzig

 

80

achtzig

9

neun

 

19

neunzehn

 

29

neunundzwanzig

 

90

neunzig

En platt (dialecte francique de Moselle, le terme vient de Plattdeutsch) et en alsacien, comme en luxembourgeois, la construction des nombres est identique (à la prononciation près) au système allemand.

Platt (francique mosellan)

0

nùll

 

10

zéh

 

20

zwònzisch

 

1

ens

 

11

éllef

 

21

èns e zwònzisch

 

10

zéh

2

zweï

 

12

zwéllef

 

22

zweï e zwònzisch

 

20

zwònzisch

3

drèï

 

13

drizéh

 

23

drèï e zwònzisch

 

30

drissisch

4

vìer

 

14

vìerzéh

 

24

vìer e zwònzisch

 

40

vìerzisch

5

fìnf

 

15

fùfzéh

 

25

fìnf e zwònzisch

 

50

fùfzisch

6

sécks

 

16

sèschzéh

 

26

sécks e zwònzisch

 

60

sèschzisch

7

siwwe

 

17

sibbzéh

 

27

siw e zwònzisch

 

70

sibbzisch

8

acht

 

18

achzéh

 

28

acht e zwònzisch

 

80

achzisch

9

nien

 

19

nienzéh

 

29

nien e zwònzisch

 

90

nienzisch

Le platt n’étant pas une langue écrite, il y a des variantes orthographiques. La transcription est phonétique. Le o se prononce entre o et ou ; le ö se prononce eu. Le v se prononce f ; le ch est guttural ; le z se prononce tz.

Luxembourgeois (Lëtzebuergesch)

0

null

 

10

zéng

 

20

zwanzeg

 

1

eent

 

11

elef

 

21

eenanzwanzeg

 

10

zéng

2

zwee

 

12

zwielef

 

22

zweeanzwanzeg

 

20

zwanzeg

3

dräi

 

13

dräizéng

 

23

dräianzwanzeg

 

30

drësszeg

4

véier

 

14

véierzéng

 

24

véieranzwanzeg

 

40

vzierzeg

5

fënnef

 

15

fofzéng

 

25

fënnefanzwanzeg

 

50

fofzeg

6

sechs

 

16

siechzéng

 

26

sechsanzwanzeg

 

60

sechzeg

7

siwen

 

17

siwwenzéng

 

27

siwenanzwanzeg

 

70

siwwwenzeg

8

aacht

 

18

uechtzéng

 

28

aachtanzwanzeg

 

80

aachtzeg

9

néng

 

19

nonzéng

 

29

nénganzwanzeg

 

90

nonzeg

Suisse allemand (Schwyyzerdütsch)

0

 

10

zäh

 

20

zwänzg

 

1

eis

 

11

euf

 

21

einezwänzg

 

10

zäh

2

zwöi

 

12

zwüof

 

22

zwöiezwänzg

 

20

zwänzg

3

drü

 

13

dryzäh

 

23

drüezwänzg

 

30

dryssg

4

vier

 

14

vierzäh

 

24

vierezwänzg

 

40

vierzg

5

füf

 

15

füfzäh

 

25

füfezwänzg

 

50

füfzg

6

sächs

 

16

sächszäh

 

26

sächsezwänzg

 

60

sëchzg

7

sibe

 

17

sibezäh

 

27

sibenezwänzg

 

70

sibezg

8

acht

 

18

achtzäh

 

28

achtezwänzg

 

80

achzg

9

nüün

 

19

nüünzäh

 

29

nüünezwänzg

 

90

nüünzg

Le suisse allemand (Schwyzerdütsch) désigne l’ensemble des dialectes alémaniques parlés en Suisse et au Liechtenstein. Il a la même structure que l’allemand, mais n’est généralement pas compris par les germanophones. C’est la langue courante dans les cantons alémaniques (où l’allemand standard n’est utilisé qu’à l’écrit).

Danois

0

nul

 

10

ti

 

20

tyve

 

1

en

 

11

elleve

 

21

enogtyve

 

10

ti

2

to

 

12

tolv

 

22

toogtyve

 

20

tyve

3

tre

 

13

tretten

 

23

treogtyve

 

30

tredive

4

fire

 

14

fjorten

 

24

fireogtyve

 

40

fyrre6

5

fem

 

15

femten

 

25

femogtyve

 

50

halvtreds7 8

6

seks

 

16

sejsten

 

26

seksogtyve

 

60

tres6

7

syv

 

17

sytten

 

27

syvogtyve

 

70

halvfjerds7

8

otte

 

18

atten

 

28

otteogtyve

 

80

firs6

9

ni

 

19

nitten

 

29

niogtyve

 

90

halvfems7

Anglais

0

zero

 

10

ten

 

20

twenty

 

1

one

 

11

eleven

 

21

twenty-one

 

10

ten

2

two

 

12

twelve

 

22

twenty-two

 

20

twenty

3

three

 

13

thirteen

 

23

twenty-three

 

30

thirty

4

four

 

14

fourteen

 

24

twenty-four

 

40

forty

5

five

 

15

fifteen

 

25

twenty-five

 

50

fifty

6

six

 

16

sixteen

 

26

twenty-six

 

60

sixty

7

seven

 

17

seventeen

 

27

twenty-seven

 

70

seventy

8

eight

 

18

eighteen

 

28

twenty-eight

 

80

eighty

9

nine

 

19

nineteen

 

29

twenty-nine

 

90

ninety

Turc

0

sıfır

 

10

on

 

20

yirmi

 

1

bir

 

11

on bir

 

21

yirmi bir

 

10

on

2

iki

 

12

on iki

 

22

yirmi iki

 

20

yirmi

3

üç

 

13

on uç

 

23

yirmi uç

 

30

otuz

4

dört

 

14

on dört

 

24

yirmi dört

 

40

kırk

5

beş

 

15

on beş

 

25

yirmi beş

 

50

elli

6

altı

 

16

on altı

 

26

yirmi altı

 

60

altmış

7

yedi

 

17

on yedi

 

27

yirmi yedi

 

70

yetmiş

8

sekiz

 

18

on sekiz

 

28

yirmi sekiz

 

80

seksen

9

dokuz

 

19

on dokuz

 

29

yirmi dokuz

 

90

doksan

L’alphabet turc comporte deux voyelles i différentes ; l’une avec un point au dessus (qui se prononce i comme en français) ; l’autre sans point, que nous avons représentée ici par le symbole ı et qui a une prononciation un peu différente. Zéro, par exemple, s’écrit sıfır, sans points sur les i : 2 s’écrit iki, avec un point sur chaque i. Le ç se prononce tch et le ş se prononce ch.

Romani (gitan, tzigane, etc.)

0

 

10

desh

 

20

bisch

 

1

yek

 

11

desh-u-yek

 

21

bisch-te-yek

 

10

desh

2

duy

 

12

desh-u-duy

 

22

bisch-te-duy

 

20

bisch

3

trin

 

13

desh-u-trin

 

23

bisch-te-trin

 

30

triyanda

4

shtar

 

14

desh-u-shtar

 

24

bisch-te-shtar

 

40

shtar-var-desch

5

panj

 

15

desh-u-panj

 

25

bisch-te-panj

 

50

shtar-var-panj

6

shov

 

16

desh-u-shov

 

26

bisch-te-shov

 

60

shtar-var-shov

7

efta

 

17

desh-efta

 

27

bisch-t-efta

 

70

shtar-var-efta

8

oxto

 

18

desh-oxto

 

28

bisch-t-oxto

 

80

shtar-var-oxto

9

en’a

 

19

desh-en’a

 

29

bisch-t-en’a

 

90

shtar-var-en’a

Arabe (standard simplifié)

0

 

10

`achra

 

20

`achrīn

 

1

wāhid

 

11

ahda `achar

 

21

wāhid wa `achrīn

 

10

`achra

2

tnān

 

12

tnān `achar

 

22

tnān wa `achrīn

 

20

`achrīn

3

talāta

 

13

talāta `achar

 

23

talāta wa `achrīn

 

30

talītīn

4

rba`h

 

14

rba`at `achar

 

24

rba`h wa `achrīn

 

40

rba`hīn

5

khmsa

 

15

khmsat `achar

 

25

khmsa wa `achrīn

 

50

khmsīn

6

stta

 

16

sttat `achar

 

26

stta wa `achrīn

 

60

sttīn

7

sb`a

 

17

sb`at `achar

 

27

sb`a wa `achrīn

 

70

sab`īn

8

tmānia

 

18

tamaniat `achar

 

28

tmānia wa `achrīn

 

80

tamānīn

9

ts`a

 

19

ts`at `achar

 

29

ts`a wa `achrīn

 

90

ts`īn

L’alphabet arabe comporte plus de lettres que l’alphabet latin, dont beaucoup de consonnes qui n’existent pas en français, et il est assez difficile d’obtenir une translittération correcte. J’ai utilisé ici une correspondance phonétique approximative (mais qui ne compromet pas mon propos relatif à la formation des noms de nombres).

L’arabe que j’ai essayé de transcrire n’est pas l’arabe littéraire classique (celui du Coran), ni un arabe dialectal courant dans les échanges oraux, mais un arabe « standard simplifié »  tel qu’il est utilisé dans les journaux et les media de l’ensemble des pays arabophones.

Arabe dialectal (darija du Maroc)

0

 

10

`achra

 

20

`achrīn

 

1

wāhed

 

11

h’dāsh

 

21

wāhed ū `achrīn

 

10

`achra

2

jūj

 

12

tnāsh

 

22

jūj ū `achrīn

 

20

`achrīn

3

tlāta

 

13

tlatāsh

 

23

tlāta ū `achrīn

 

30

tlatīn

4

rba`h

 

14

rba`tāsh

 

24

rba`h ū `achrīn

 

40

rba`īn

5

khmsa

 

15

khmstāsh

 

25

khmsa ū `achrīn

 

50

khmsīn

6

stta

 

16

sttāsh

 

26

stta ū `achrīn

 

60

sttīn

7

sb`a

 

17

sb`atāsh

 

27

sb`a ū `achrīn

 

70

sab`īn

8

tmenia

 

18

tmentāsh

 

28

tmenia ū `achrīn

 

80

tmānīn

9

ts`ūd

 

19

ts`atāsh

 

29

ts`a ū `achrīn

 

90

ts`īn

Le darija est la langue courante parlée oralement au Maroc. Elle n’existe pas à l’écrit et n’est pas enseignée.

Ce tableau donne une transcription phonétique approximative du darija. (kh correspond au ch guttural allemand ou à la jota espagnole ; ū correspond au ou français).

On remarquera que tous les noms sont dérivés de l’arabe classique, à l’exception de \(2\) (jūj) qui signifie une paire, un couple.

Gallois

0

zero

 

10

deg

 

20

ugain

 

1

un

 

11

un ar ddeg

 

21

un ar ugain

 

10

deg

2

dau

 

12

un deg dau ou deuddeg

 

22

dau ar ugain

 

20

ugain

3

tri

 

13

un deg tri

 

23

tri ar ugain

 

30

deg ar ugain

4

pedwar

 

14

un deg pedwar

 

24

pedwar ar ugain

 

40

deugain

5

pump

 

15

pumtheg

 

25

pump ar ugain

 

50

hanner kant

6

chwech

 

16

un ar bymtheg9  

26

chwech ar ugain

 

60

trigain

7

saith

 

17

dauar bymtheg9  

27

saith ar ugain

 

70

der ar trigain

8

wyth

 

18

tri ar bymtheg9 ou deunaw10  

28

wyth ar ugain

 

80

pedwar ugain

9

naw

 

19

pedwar ar bymtheg9  

29

naw ar ugain

 

90

deg a pedwar ugain

Breton

0

mann

 

10

dek

 

20

ugent

 

1

unan

 

11

unaek

 

21

unan warn ugent

 

10

dek

2

daou11

 

12

daouzek

 

22

daou warn ugent

 

20

ugent

3

tri11

 

13

trizek

 

23

tri warn ugent

 

30

tregont

4

pevar11

 

14

pevarzek

 

24

pevar warn ugent

 

40

daou-ugent

5

pemp

 

15

pemzek

 

25

pemp warn ugent

 

50

hanter-kant

6

c’hwec’h

 

16

c’hwezek

 

26

c’hwec’h warn ugent

 

60

tri-ugent

7

seizh

 

17

seitek

 

27

seizh warn ugent

 

70

dek ha tri-ugent

8

eizh

 

18

triwec’h12 douanav12

 

28

eizh warn ugent

 

80

pevar-ugent

9

nav

 

19

naontek

 

29

nav warn ugent

 

90

dek ha pevar-ugent

Basque

0

μηδέν

 

10

hamar

 

20

hogei

 

1

bat

 

11

hamaika

 

21

hogeita bat

 

10

hamar

2

bi

 

12

hamabi

 

22

hogeita bi

 

20

hogei

3

hiru

 

13

hamahiru

 

23

hogeita hiru

 

30

hogeita hamar

4

lau

 

14

hamalau

 

24

hogeita lau

 

40

berrogei

5

bozt

 

15

hamabozt

 

25

hogeita bozt

 

50

berogeita hamar

6

sei

 

16

hamasei

 

26

hogeita sei

 

60

hirurogei

7

zazpi

 

17

hamazazpi

 

27

hogeita zazpi

 

70

hirurogeita hamar

8

zortzi

 

18

hemezortzi

 

28

hogeita zortzi

 

80

laurogei

9

bederatzi

 

19

hemeretzi

 

29

hogeita bederatzi

 

90

laurogeita hamar

La particule eta signifie et, et s’agglutine au premier mot : on écrit hogeita bat et non hogei eta bat.

Source :  [3].

Corse

0

zéro

 

10

déce

 

20

vinti

 

1

unu

 

11

òndeci

 

21

vintunu

 

10

déce

2

dui

 

12

dòdeci

 

22

vintidui

 

20

vinti

3

trè

 

13

trèdeci

 

23

vintitrè

 

30

trènta

4

quattru

 

14

quattòrdeci

 

24

vintiquattru

 

40

quaranta

5

cinque

 

15

quindeci

 

25

vinticinque

 

50

cinquanta

6

séi

 

16

sèdeci

 

26

vintiséi

 

60

sessanta

7

sétte

 

17

dicesétte

 

27

vintisétte

 

70

settanta

8

óttu

 

18

dicióttu

 

28

vintóttu

 

80

ottanta

9

nóve

 

19

dicinóve

 

29

vintinóve

 

90

novanta

Il s’agit ici du corse du nord (Bastia, Corte, Ajaccio). Le corse du sud a la même structure, mais les terminaisons de certains noms diffèrent.

Catalan

0

zero

 

10

deu

 

20

vent

 

1

una

 

11

onze

 

21

vint-i-una

 

10

deu

2

dos

 

12

dotze

 

22

vint-i-dos

 

20

vent

3

tres

 

13

tretze

 

23

vint-i-tres

 

30

trente

4

quattre

 

14

catorze

 

24

vint-i-quattre

 

40

quaranta

5

cinc

 

15

quinze

 

25

vint-i-cinc

 

50

cinquenta

6

sis

 

16

seze

 

26

vint-i-sis

 

60

seixanta

7

set

 

17

disset

 

27

vint-i-set

 

70

setanta

8

vuit

 

18

divuit

 

28

vint-i-vuit

 

80

vuianta

9

nou

 

19

dinou

 

29

vint-i-nou

 

90

nonanta

Le u se prononce [ou], le x se prononce [ch] le v se prononce [b]

Remarque : seuls les nombres de \(21\) à \(29\) prennent le -i- (par ex. vint-i-cinc mais trente-cinc)

Esperanto

0

nulo

 

10

dek

 

20

dudek

 

1

unu

 

11

dek unu

 

21

dudek unu

 

10

dek

2

du

 

12

dek du

 

22

dudek du

 

20

dudek

3

tri

 

13

dek tri

 

23

dudek tri

 

30

tridek

4

kvar

 

14

dek kvar

 

24

dudek kvar

 

40

kvardek

5

kvin

 

15

dek kvin

 

25

dudek kvin

 

50

kvindek

6

ses

 

16

dek ses

 

26

dudek ses

 

60

sesdek

7

sep

 

17

dek sep

 

27

dudek sep

 

70

sepdek

8

ok

 

18

dek ok

 

28

dudek ok

 

80

okdek

9

naŭ

 

19

dek naŭ

 

29

dudek naŭ

 

90

naŭdek

Sitographie

  1. Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale, hors série no 3, 19 juin 2008.  Mar. 2008.

  2. Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale, spécial no 6, 28 août 2008.  Août 2008.

  3. Compter en basque. .

  4. Compter en latin. .

  5. « Coup de coeur pour une étude ». In : PLOT 46 (2014). , p. 26-27.

  6. Écriture des nombres en français. .

  7. Instructions officielles de 1945. .

  8. Rapport de 1990 sur les rectifications orthographiques. .

  9. Rectifications de l’orthographe.  1990.

  10. Résumé des rectifications orthographiques de 1990. .

  11. Septante, octante (huitante), nonante. .

  12. Systèmes de numération. .

Jacques Verdier, professeur retraité lorrain, est responsable de la revue Petit Vert de la régionale de Lorraine.


  1. Cet article (sans l’annexe) a déjà paru dans LE PETIT VERT, bulletin de la régionale Lorraine (101, mars 2010), ainsi que dans le 22 (2013) de Losange, revue de la SBPMef (Société Belge des Professeurs de Mathématiques d’expression française). Une recension en a été faite dans le 46 de PLOT [5].

  2. Voir les instructions officielles de 1945 (pages 10-11) sur le site de Michel Delord [7].

  3. N.B. : en russe, l’expression courante sôrak sôrakov signifie énormément, beaucoup trop. Elle tire son origine de la même époque que celle des sacs, et ne signifie donc pas quarante quarantaines (comme pourrait le faire penser sa traduction littérale actuelle).

  4. Se conjugue (masculin, féminin, neutre). 
  5. La nouvelle orthographe de 1996 (Rechtschreibreform) a supprimé le ß, remplacé par ss (sauf après voyelle longue ou diphtongue,comme c’est le cas ici). Mais en suisse alémanique, le ß est aboli depuis 1930 ; on écrit dreissig.
  6. Abréviations de 2×20, 3×20, 4×20. 
  7. 50 = la moitié de la 3e vingtaine ;70 = la moitié de la 4e vingtaine ; 90 = la moitié de la 5e vingtaine. 
  8. Exception sur les billets de banque : les billets de 50couronnes sont libellés « femti kroner » (5×10). 
  9. Littéralement un-et-quinze, deux-et-quinze, trois-et-quinze, quatre-et-quinze,bymtheg étant une mutation de pumtheg
  10. Littéralement deux-neuf (2×9). 
  11. Ces trois nombres ont une forme au féminin. 
  12. Certains nombres peuvent avoir une construction indépendante de la base dix. Par exemple,18 se dit littéralement trois-six, mais peut aussi se dire douanav (deux-neuf). 45 peut se dire pempnav (cinq-neuf). Certaines formes relèvent d’ailleurs de particularités locales.
Pour citer cet article : Verdier J., « Nom d’un nombre ! », in APMEP Au fil des maths. N° 528. 1 juillet 2018, https://afdm.apmep.fr/rubriques/ouvertures/nom-dun-nombre-verdier/.

Une réflexion sur « Nom d’un nombre ! »

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